Actualité | 5 juin 2023
Un camouflet pour le défilé du 14 juin marquant la Grève féministe à Neuchâte

Nous apprenions avec stupéfaction le 22 mai dernier, par une information relayée sur le site de la RTS et dans ArcInfo , que la Ville de Neuchâtel refusait d’entrer en matière sur le tracé proposé par le Collectif pour la Grève féministe à l’occasion de sa manifestation du 14 juin. Traditionnellement, les (rares) manifestations à Neuchâtel empruntaient un parcours les menant de l’Avenue de la Gare jusqu’au centre-ville. Une alternative bancale, proposant d’emprunter à la place la Ruelle Vaucher, puis l’Avenue du 1er mars, mais seulement partiellement fermée à la circulation, tout en maintenant le trafic routier (bus et voitures) sur les couloirs d’ouest en est, a été sèchement recalée par le Collectif féministe.

Dire que nous comprenons pleinement ce refus d’entrée en matière serait un euphémisme.La situation, en effet, nous semble inadmissible, tant les raisons données pour interdire le parcours souhaité initialement nous paraissent inconvenantes, au vu de l’importance nationale et internationale de ce geste symbolique, militant et pacifique.

Car la Ville se base uniquement sur un préavis négatif de la part de TransN : l’importance de l’avenue de la Gare que plusieurs lignes de bus empruntent, et donc les inconvénients découlant de sa fermeture temporaire au trafic, mais aussi le coût que représente l’arrêt de ces lignes, seraient autant d’arguments en défaveur du parcours souhaité. La porte-parole de TransN mentionne aussi le manque de réserves financières (depuis le COVID), qui ne permettrait pas d’éponger les coûts en relation avec une interruption de trafic, ce qui induirait éventuellement un report de ces coûts à charge du Collectif. Quel non-sens, et quel mépris !

Plusieurs aspects nous laissent perplexes, voire inquiets, d’autres appellent des clarifications : Tout d’abord, une interrogation générale sur le bien-fondé d’une telle décision, parfaitement asymétrique en regard des autres interruptions –festives, celles-ci – qui touchent le trafic TransN tout comme l’usage de l’avenue du 1er mars et l’Avenue de la Gare, entre autres. On pense ici au cortège de la Fête de la Jeunesse, ou encore aux trois jours de la Fête des Vendanges. Verrons-nous prochainement ces fêtes annuelles réduites à l’espace de la zone piétonne ? Evidemment non.

Dans la négociation entre le Collectif, TransN et la Ville, il apparaît vite qu’en réalité il n’y a que deux intervenants, dont un seul qui décide. Et ce n’est pas celui qu’on attend : en effet, la Ville dans sa décision prend appui uniquement sur les considérations de TransN, pour reléguer la manifestation et le défilé de la Grève féministe à l’écart, sur un parcours très étroit, peu central et pas sécurisé. C’est donc TransN qui décide, et pas l’exécutif de notre Ville. Reléguer les manifestant-e-s loin des regards de la population c'est une façon de minimiser une cause juste et fondamentale à savoir celle de la justice et de l'égalité. 

Nous nous interrogeons également sur les coûts induits par une interruption de trafic de ce type et de cette durée : on a pu lire qu’une perturbation d’environ 45 minutes pouvait engendrer des frais allant jusqu’à 30'000.-. Ces chiffres demandent une explication, tout comme une comparaison avec le coût induit par les autres manifestations mentionnées plus haut, et qui ne font l’objet d’aucune objection, ni de la Ville, ni de TransN.

 Le conseil communal avance de son côté avoir tranché en faveur du parcours le plus sûr et sécurisé, sans aucune considération financière. Nous aimerions connaître les arguments relatifs à la sécurité, notre lecture nous menant à penser l’exact contraire : il est plus dangereux de faire passer une foule dans un entonnoir, puis sur un axe qui ne sera pas totalement (mais brièvement) fermé au trafic motorisé, plutôt que sur une avenue large et momentanément sans véhicules. 

In fine, nous pensons qu’une grève, une manifestation, par son essence, doit déranger, interpeller. Elle doit être visible et sonore, et ne saurait être reléguées aux ruelles et canalisée au même titre que les fans déchaînés un soir de match ! La gêne sur le trafic et les surcoûts induits par une interruption temporaire ? Nous n’aurions pas osé les invoquer, tant ces éléments nous paraissent déplacés quand on parle d’inégalité de genre et son cortège de conséquences autrement plus graves sur la moitié de l’humanité. Nous demandons dès lors au Conseil Communal de revoir sa position et autoriser le parcours de la Grève féministe sur son tracé initial.

Un camouflet pour le défilé du 14 juin marquant la Grève féministe à Neuchâte

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