Actualité | 30 octobre 2019
Extension du pourcent culturel

Monsieur le Président,

Chères collègues et chers collègues,

 


Avec sa proposition 19-403 (lien, pp. 2-6), le groupe socialiste souhaite modifier l'arrêté concernant la décoration artistique des bâtiments officiels de la Ville, vieux de plus de 30 ans. Cette proposition est davantage une mise à jour et non une refonte complète.

Comme vous l'avez constaté, la proposition socialiste a été amendée par le Conseil communal. Notre groupe s'y rallie entièrement et remercie le Conseil communal pour son analyse, ses ajouts et modifications pertinentes. Il invite les autres groupes à soutenir ce nouvel arrêté, pensé et écrit à plusieurs mains, qui inscrit définitivement le principe du pourcent culturel dans le 21ème siècle.

Pour plus de clarté, nous parlerons donc uniquement du texte amendé par le conseil communal.

Je me permets de revenir sur les deux changements majeurs proposés par cette mise à jour:

Le premier changement concerne l'élargissement du champs d'application du pourcent culturel. Il est ainsi proposé que lors du réaménagement ou de la création d'un nouvel espace public, le pourcent culturel soit également appliqué. Pour précision, les espaces publics sont donc les espaces ouverts au public, majoritairement libres de construction et sur domanialité de la ville. À quelques exceptions près, au niveau foncier, il s'agit donc du domaine public.

Comme vous le savez, le groupe socialiste tient aux espaces publics de la ville, que cela soit en nombre ou en qualité. En élargissant ce champ d'application, nous encourageons ainsi la présence de l'art dans l'espace public et sa visibilité pour tout un chacun. De plus, l'art, par définition, est quelque chose d'unique, d'original. Nous favorisons donc également l’originalité des espaces publics car, malheureusement, ceux-ci souffrent aussi parfois d'une certaine uniformisation, induite par du mobilier urbain issus de quelques catalogues que les villes se partagent.

Le deuxième changement proposé, par le Conseil communal lui-même d'ailleurs, est le transfert de la compétence de l'arrêté du Conseil communal au Conseil général. C'est une excellente chose car ainsi, notre organe, sera le garant de la bonne application de l'arrêté. Cela permet aussi de le pérenniser durablement.

Suite à cette proposition, deux amendements ont été proposés par le groupes. Dans l'ordre des articles, le premier est celui du groupe PLR qui propose que le pourcent culturel soit mis à la charge du compte de résultats du dicastère de la culture. Si la logique peut être comprise, le groupe socialiste refusera cet amendement et invite les autres groupes à faire de même. Ceci pour deux raisons principales.

La première raison est qu'il va à l'encontre du principe même du pourcent culturel, qui se veut être une promotion de l'art lors d'un investissement de la ville dans la construction ou le réaménagement d'un espace public. La dépense pour le pourcent culturel est intégré à l'investissement du projet mené par la ville. Le pourcent culturel est donc un investissement. C'est d'ailleurs ce principe qui régit l'actuel arrêté, quand bien même une œuvre d'art ne peut être amortie selon les règles comptables.

S'il est porté à la charge du compte de résultat du dicastère de la culture, il est considéré comme une dépense de fonctionnement. Nous aurions affaire à deux écritures comptables distinctes alors que le projet est le même. Pourquoi faudrait-il procéder ainsi ? La visibilité et la traçabilité des investissements sont garanties via le rapport du Conseil communal sur le crédit d'investissement et le compte des investissements prévus dans MCH2. En plus, en étant sous compétence du conseil général, le contrôle et le suivi est davantage assuré. Rien n'empêche au Conseil général, par une intervention simple, de demander des comptes au Conseil communal sur le nombre de réalisations effectuées via le pourcent culturel.

À titre de comparaison, la ville d'Yverdon-les-Bains, également soumise à MCH2, a récemment mis à jour son règlement sur le pourcent culturel qui intègre la dépense du pourcent culturel dans le crédit d'investissement.

La deuxième raison est qu'il met le pourcent culturel en concurrence avec les autres outils de la promotion culturelle budgétés annuellement. Le pourcent culturel est un outil activé par intermittence. Il ne sera pas forcément utilisé toutes les années et il est difficile d'estimer sa fréquence. Il s'inscrit donc en complémentarité dans le paysage varié et pluriel de la promotion de l'art et de la culture.

Pour illustrer mon propos, en mettant le pourcent culturel au budget de fonctionnement de la culture, c'est un peu comme si lors de l'investissement pour l'achat d'une nouvelle ambulance, on mettait au compte de résultat du dicastère de la sécurité, la dépense pour la peinture des logos du SIS inscrits sur l'ambulance. Du coup, à l'achat d'une nouvelle ambulance, qui n'est pas régulier comme le pourcent culturel, le budget de fonctionnement de la sécurité serait réduit pour permettre la peinture de l'ambulance. Impensable.

Concernant l'amendement POPVERTSOL, le groupe socialiste est partagé. Une partie congrue l'acceptera. Évidemment, le groupe salue la volonté de réaliser des œuvres artistiques respectueuses de l'environnement. Mais, au nom de la liberté artistique et surtout parce qu'ils croient en l'intelligence et l'expertise du jury pour sélectionner l'œuvre la plus adéquate, la plupart des membres préfèrent ne pas orienter la création artistique.

Chères et chers collègues, ce soir, nous décidons de mettre à jour l'arrêté sur le pourcent culturel,  d'élargir son champ d'application et d'en transférer la compétence au Conseil général. Nous participons ainsi à favoriser l'art dans les bâtiments de la ville et surtout dans les espaces publics, thématique pour laquelle les habitantes et habitants semblent être convaincus et ravis.

Pour preuve, le succès de la récolte des fonds pour les loups et l'agneau de l'artiste Davide Rivalta, le succès des fresques murales et leur parfaite conservation, comprenez par là qu'elles n'ont pas été recouvertes de tags, ou dernier exemple en date, le succès des horloges créées dans le cadre des 40 ans de la zone piétonne et de l'exposition Ding Dong , puisque certains acteurs privés ont décidé de les garder.

N'ayons pas peur d'investir dans la promotion de l'art contemporain pour élargir l'aura artistique et culturelle de notre ville. Jean-Jacques Rousseau disait, les maisons font les villes, les citoyens la cité. Nous pourrions rajouter et l'art contribue à la beauté et l'originalité des espaces publics.

Je vous remercie pour votre attention.

Gabriel Jeanneret

Extension du pourcent culturel

NOUS UTILISONS DES COOKIES

En poursuivant votre navigation sur notre site vous consentez à l’utilisation de cookies. Les cookies nous permettent d'analyser le trafic et d’affiner les contenus mis à votre disposition sur nos supports numériques.