PS Commune de Neuchâtel

Monsieur le Président, chères et chers collègues,

Le Groupe socialiste prend bien acte du rapport 24-019. Il représente l’aboutissement d’un long processus de travail qui aura duré une quinzaine d’années. Nous souhaitons donc, dans un premier temps, remercier toutes celles et ceux qui ont œuvré à la conception de ce projet.

Aujourd’hui, le collège latin est vétuste et tout juste fonctionnel. En y entrant, on se rend très vite compte de l’ampleur des travaux à effectuer : des trous dans les murs, dans le plafond, des rideaux en lambeaux, des fenêtres qui tombent... Pour un lieu qui accueille 125 000 visites par an, qui emploie une cinquantaine de collaborateur-ice-s, qui préserve et met à disposition des centaines de milliers de documents, on se demande comment c’est encore possible dans ces conditions. Le constat est donc clair, et je pense que quiconque franchit les imposantes portes du collège latin arrivera à la même conclusion : il faut le rénover.

Bon, on rénove, mais on rénove comment un bâtiment comme celui-là ? Nous parlons tout de même d’un bâtiment d’une importance national,classé au patrimoine avec la note maximale. C’est aussi un de desmonuments les plus prestigieux de notre ville, un de ceux qui forgent son identité et que l’on voit avec attachement sur les cartes postales. En plus, le rapport le détaille très bien, son intérieur possède aussi de nombreux atouts à caractère historique tels que sa salle de lecture, ses portes, fenêtres et autres boiseries, chacun de ces éléments demandant des attentions particulières pour être conservé ou restauré. On rajoute ensuiteles questions d’accessibilité, de durabilité, d’efficience énergétique, de protection incendie, sans oublier, évidemment, la conservation des œuvres... Bref, c’est un grand projet.

Et pourtant, malgré l’apparence monumentale de la tâche, le rapport nous présente un projet mature, pragmatique, clair, novateur et social, en d’autres termes, un projet exemplaire! Premièrement, le projet d’architecture est tout simplement beau, preuve que les concours d’architecture fonctionnent et en valent la peine. On découvre une bibliothèque qui s’ouvre sur le monde, qui s’aère et se dépoussière. On refait la place Agota Kristof, on y taille une jolie moustache et on perce une ouverture sur son toit pour faire rayonner son savoir des lieues à la ronde. A l’intérieur, le mode d’ordre pourrait être la circulation : on veut que les idées et les gens circulent, on veut de la place pour l’échange et le partage.

Deuxièmement, le projet étoffe et élargie son offre culturelle. Grâce à la centralisation des collections de Bibliomonde et Pestalozzi, notre bibliothèque s’enrichit en qualité interculturelle et intergénérationnelle. Mais elle fait aussi preuve de transdisciplinarité en devant également une artothèque ! Imaginez-vous : dans cette nouvelle bibliothèque, on pourra emprunter plein de livres, dans pleins de langues différentes, des jeux et des tableaux !

Troisièmement, le projet permet à la bibliothèque d’affirmer son rôle social. Son café, géré par l’ORIF, est une grande valeur ajoutée au lieu,autant pour les bénéficiaires que pour les clients. Dans un monde où les maladies liées au travail sont de plus en plus fréquentes, c’est une chance qu’un lieu comme la bibliothèque puisse accueillir une telle structure. La bibliothèque proposera également une grande salle de conférence et une salle de projection pour la lanterne magique. Elle proposera des activités en lien avec l’éducation à l’image et au numérique, ô combien importantes face aux dérives quotidiennes de la digitalisation et de la désinformation. 

Quatrièmement, le projet nous propose ce qu’il y a de mieux en termesde rénovation et d’assainissement d’un bâtiment patrimonial, que ce soiten matière de chauffage, d’aération ou d’humidité. L’approche low-tech proposée est remarquable et se prête tout à fait bien à nos vieilles pierres. La question des panneaux solaires fait toutes fois toujours débat dans lacadre d’un projet de rénovation du patrimoine ; leur couleur n’a d’ailleurs pas épargné notre groupe. Cependant, nous saluons la présente pesée des intérêts effectuée et apprécions que le maximum de rendement énergétique ait été choisi ici.

Concernant la place Agota Kristof, nous sommes ravi-e-s qu’elle fasse également partie du projet. Nous saluons que sa re-végétalisation ait été réfléchie en toute considération de sa fonction de place, influant donc sur le choix de la taille des arbres. Il est fondamental pour notre groupe que la création de nouveaux espaces verts dans notre ville soit accompagnée d’une réflexion sur comment les habitant-e-s peuvent se l’approprier et y vivre. Cette place calme sera un excellent ajout au quartier et nous espérons que cela contentera aussi son association.

En conclusion, le parti socialiste souhaite une nouvelle fois remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce projet. Le rapport 24-019 est exhaustif et a permis de répondre à toutes lesquestions que nous nous sommes posés. La vétusté du Collège Latin est criante et urgente. Nous avons la chance d’avoir devant nous un projet raisonnable et de qualité qui renverse littéralement l’image qu’on a d’une bibliothèque. Il incarne ce «troisième lieu» qu’il souhaite devenir et porte les valeurs d’ouverture, de partage et de société dont nous avons cruellement besoin aujourd’hui. Couplé aux projets de l’auberge de jeunesse et de la tour du fantastique, nous pouvons faire que Neuchâtel soit, en 2028, une ville qui valorise le vivre ensemble et l’ouverture sur les mondes. C’est la ville que le parti socialiste souhaite développer et nous accepterons donc tous les arrêtés du Conseil communal.

Monsieur le Président, avant de vous rendre la parole, je souhaite signaler que notre groupe souhaite soumettre un postulat portant sur un projet de ressourcerie. Je laisserai mon camarade Gabriel Jeanneret vous en dire d’avantages à ce moment-là.

Merci.

Pour le groupe socialiste

Kim Aurore Biloni