Monsieur le Président, chères et chers collègues,
En 2024, le NIFFF a une nouvelle fois battu son record d’affluence en passant la barre des 60’000 festivaliers et festivalières en 10 jours. Le festival séduit chaque année un plus grand nombre de curieuses et curieux qui visitent non seulement les cinémas mais toute notre région. Sa programmation pointue, son accueil du public, des invité-e-s de prestiges et également des locaux font de notre ville une destination de choix durant la première semaine de juillet. Elle devient, pendant quelques jours, la capitale du fantastique et son aura rayonne bien au-delà de nos petites frontières suisses.
Mais qu’est-ce que le fantastique a de si spécial ? Pour le comprendre, il faut en revenir à sa définition. On peut lire : “qui est créé par l’imagination, ou semble tel”. Et c’est bien dans le verbe « sembler » que se trouve toute la force du genre. Il permet de questionner ce qui est de l’ordre du réel et du surnaturel, du rêve et de la réalité. Dans le monde du cinéma et de la littérature, c’est un genre très populaire car il permet l’utilisation intensive de métaphores. Il propose de l’absurde, de l’incertain, du doute et force le public à se questionner, à critiquer le monde qui lui est proposé et à se remettre en question dans sa propre réalité.
J’aimerais citer un de nos habitants, John Howe, un des partenaires du projet de la tour du fantastique. En juin, la RTS lui a demandé “Et pourquoi le fantastique ?” Il a alors répondu que, je cite, “Le fantastique permet d’aborder les questions d’actualité tout en évitant le quotidien”. On peut donc comprendre que c’est offrir un lieu, un espace, où l’on peut envisager le monde différemment, où on peut se questionner, questionner l’autre, l’ordre établi, les injustices de ce monde, un lieu où la confrontation n’est pas directe mais imaginaire et pourtant bien présente et libératrice.
Le projet de la tour du fantastique nous propose, pour entrer dans ces mondes imaginaires, de nous rendre en prison, notre vieille tour des prisons laissée à l’abandon depuis avant même ma naissance. Il nous propose de le transformer en un temple du fantastique, de créer un lieu de rencontre, un lieu d’échange et de réflexion, un lieu où se croisent art et technologie. Cette tour ne serait plus un lieu triste et solitaire mais un lieu de partage et d'idées au service de la société.
Située juste en dessous du château et de la collégiale, elle ajoute non seulement une nouvelle offre culturelle mais aussi un café et un espace de médiation, permettant à la vie associative et sociale du quartier d’être redynamisée. Le NIFFF gardera également ses locaux dans les bâtiments et organisera résidences et ateliers. Il s’inscrit depuis plus de 10 ans dans une approche pluridisciplinaire qui questionne la technologie. Les partenariats avec notre tissu industriel régional sont une richesse autant pour les artistes que les techniciens et c’est une vraie chance que cette tour en devienne le laboratoire.
Le projet proposé par le Conseil communal est un fond d’impulsion. Le but est d’aider la fondation à se mettre en place. Le projet de la tour du fantastique est un projet ambitieux et il va demander beaucoup de travail. Ce qui nous est présenté aujourd’hui est viable et la fondation tournera. Il bénéficie d’ailleurs d’un soutien NPR, soutien qui n’est pas facile à solliciter. Son obtention est donc un gage de qualité et de fiabilité. Grâce à notre fond d’impulsion, la fondation pourra concentrer ses efforts à la recherche de partenaires et de mécènes. Nous lui donnerons donc les cartes en main pour aller chercher ses alliés de demain et assurer elle-même son futur.
Une fois la tour implantée, la ville se sera dotée d’une attraction touristique et culturelle de qualité, le genre d’attraction que l’on recherche lorsque l’on visite une ville. Nous donnons aux touristes une raison de plus de découvrir Neuchâtel, de déambuler dans ses rues, de visiter ses quartiers, pour le bonheur de notre économie locale.
Finalement, les questions posées par le Conseil communal pourraient être les suivantes : Est-ce que l’on veut que Neuchâtel soit la capitale du fantastique en Europe ? Est-ce que l’on veut que Neuchâtel soit un lieu de liberté et de critique de la société ? Est-ce que l’on veut que Neuchâtel soit une ville où l'on explore et où l’on crée ? Est-ce que l’on veut que Neuchâtel façonne le monde de demain ?
Et bien le groupe socialiste répond “oui“ à toutes ces questions. Il est convaincu par le projet et souhaite que la fondation puisse s'installer dans notre ville dans les meilleures conditions possibles. Nous prenons donc acte du rapport 24-014 et accepterons l’arrêté.
Merci.