Agée de 27 ans, la socialiste Kim Biloni est la nouvelle présidente du Conseil général pour une année. Entrée en fonction le 30 juin dernier, l’ingénieure en informatique est passionnée par la politique depuis l’enfance.
N+ D’où vous est venue l’envie de faire de la politique?
KIM BILONI Depuis toute petite, j’ai toujours voulu faire de la politique. Mon père écoutait beaucoup la radio, notamment l’émission Forum. Il nous parlait souvent de l’actualité politique suisse, en répondant à nos questions. Il présentait toujours les arguments des uns et des autres, afin que l’on puisse se forger notre propre opinion. Pendant de nombreuses années, j’avais un peu le syndrome de l’imposteur, je voulais être sûre de m’engager avec le bon parti et de terminer mes études d’ingénieure. Début 2022, je me suis regardée dans la glace et je me suis dit que c’était le moment de franchir le cap et de rejoindre les socialistes. J’ai été très bien accueillie. Et j’ai regretté de ne pas l’avoir fait plus tôt !
Pourquoi le parti socialiste? Je me suis toujours retrouvée dans les valeurs du parti. C’est celui qui représente pour moi le mieux le vivre-ensemble et l’équité. Au sein de notre groupe, nous avons tous envie d’aller chercher des victoires pour la collectivité et pas au détriment des autres. Il y a une entraide et une envie de tendre vers l’harmonie pour le bon fonctionnement de la collectivité.
Vous êtes la nouvelle présidente du Conseil général. Que représente cette fonction pour vous? Au Conseil général, j’ai découvert des gens passionnés, qui aimaient débattre et toujours intéressés à trouver des solutions. Lors des dernières élections communales, je me suis mise en liste et j’ai été directement élue. Quand l’opportunité d’accéder au perchoir s’est présentée, j’ai tout de suite été intéressée, malgré le peu d’expérience que j’avais. J’ai posé la question au sein de mon parti et on m’a sentie prête, alors je le suis ! Je suis très fière et honorée de pouvoir assumer cette fonction qui me donne la chance de faire ce que j’aime.
En tant que première citoyenne de la Ville, vous serez amenée à représenter les autorités lors de certains événements. Comment appréhendez-vous cette nouvelle tâche? Je me réjouis de sortir de mes cercles habituels pour aller à la rencontre d’autres personnes. C’est aussi une manière de montrer que la Ville s’intéresse à ce que les gens font. Je me réjouis d’incarner cette présence auprès de nombreuses associations. J’ai déjà reçu une invitation au mois d’octobre pour un championnat de jeunes tireurs. Une initiation est prévue, je me réjouis beaucoup d’y participer ! J’ai également pris part à la Fête romande de lutte sur les Jeunes-Rives en juillet dernier. C’était quelque chose de voir l’engouement de nos voisins alémaniques.
Ne sera-t-il pas trop difficile de ne pas pouvoir prendre part aux débats durant cette année de présidence? Je me sentirai frustrée peut-être une ou deux fois. Mais en même temps, le Conseil général nécessite un important travail en amont, pendant lequel je peux transmettre ma position. Je peux également continuer à siéger dans les commissions. En tant que présidente, j’ai une vocation de garante du bon fonctionnement du processus démocratique et des débats. Je suis garante de la parole publique en quelque sorte. C’est une fonction que j’aime, car elle me permet de porter non plus seulement les positions de mon groupe, mais aussi celles de la population dans son ensemble.
Quels sont les projets et thématiques qui vous tiennent particulièrement à cœur? Je fais partie de la commission pour le Plan d’aménagement local, et je me réjouis de suivre le dossier ainsi que les négociations avec l’Etat. Par ailleurs, la Ville de Neuchâtel arrive au bout de ce qu’elle peut faire pour améliorer les transports publics. Les charges de centralité sont conséquentes et le budget communal n’est pas extensible. Pour permettre que les villes et communes soient bien interconnectées, il est important qu’elles puissent être soutenues. Il est également important d’agir au niveau de la pauvreté. La mise en place du Sleep-in permet d’obtenir des chiffres sur lesquels se baser pour mieux cibler les actions à entreprendre. La Ville de Neuchâtel possède beaucoup de bâtiments vétustes, en manque d’entretien, qui sont loués à bas prix. Il n’est pas normal que les populations à bas revenus vivent dans des conditions insalubres. Il faut agir pour la transition énergétique. Et finalement, je me réjouis de voir naître en ville des projets d’envergure comme la Tour du fantastique, la bibliothèque, l’auberge de jeunesse des Sablons et les Jeunes-Rives.
Entre le travail et la politique, comment vous ressourcez-vous? J’aime beaucoup le cinéma. Quand j’avais plus de temps, je m’y rendais chaque semaine. Ces dernières années, je vais aussi voir avec plaisir de l’improvisation théâtrale, au KIF par exemple. J’ai d’ailleurs créé l’Association des Ami-e-x-s du KIF, afin de soutenir l’équipe d’organisation. Je me suis aussi beaucoup engagée comme bénévole notamment au NIFFF et à la plage des Six Pompes. On rencontre des gens qu’on ne connaîtrait pas autrement et cela permet d’acquérir de nouvelles compétences. Oh, et j’ai aussi un musée préféré : les Galeries de l’histoire. Je trouve fascinant d’observer les maquettes qui montrent comment la ville s’est construite au bord du lac. Sans oublier les Jeudi-Oui. Je bassine tous mes amis pour m’y accompagner ! C’est un concept que je trouve super intéressant. J’ai beaucoup de plaisir à découvrir les différents quartiers et les gens qui les font vivre.
Bio express
Durant son enfance, Kim Biloni a habité dans plusieurs communes sur le Littoral et même à La Chaux-de-Fonds. «Mon quartier préféré, c’est celui du Jardin anglais où j’habite actuellement. Hormis les Jeunes-Rives, c’est le plus grand parc intérieur de la ville. Il est à la fois vert, vivant, mais aussi apaisant. J’apprécie aussi beaucoup le centre-ville, en particulier les terrasses. Celles de l’Univers, du Cerf, du Fusion et du Moonshiners.» Au bénéfice d’un CFC d’informatique et d’un diplôme d’ingénieure en informatique de la HE-Arc, elle a travaillé durant quatre ans dans l’horlogerie, avant de rejoindre la fondation info fauna sise au Mail.«J’avais besoin de mettre mes compétences dans un projet qui ait du sens. Je collecte des données et crée des outils qui permettent d’agir en faveur de la biodiversité.» Dans la politique comme dans son travail, être une jeune femme n’est pas toujours facile. «Pour prendre le lead, il faut s’exprimer.» Kim Biloni a aussi une sœur jumelle, Emma. «Elle ne fait pas de politique, mais suit assidûment les débats. Elle regarde notamment en direct sur internet toutes les séances du Conseil général.»
PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE KYBOURG