Quand la carte est trop longue, il y a fort à parier que la cuisine est industrielle : un programme sans goût !
Le groupe socialiste a pris connaissance du programme politique proposé par notre Conseil communal.
Alors certes, l’exercice était peut-être un peu plus difficile que les éditions précédentes. Nouvelle ville, nouvelle équipe, nouveaux équilibres -ou déséquilibres - politiques et une année marquée par la pandémie et les défis organisationnels.
Mais c’est justement au vu de cette situation particulière, que nous attendions du Conseil communal un programme qui fasse la part belle à un « après » porteur de propositions et de lignes claires. Nous aurions aimé y sentir de la combativité et de l’ambition. Au lieu de cela, le Conseil communal semble presque gêné par le livre de la fusion et l’historique des anciennes communes.
Il nous semble pourtant qu’il y a peu, tous s’accordaient sur le dynamisme qu’engendrerait cette nouvelle commune.
La première phrase du rapport nous dit que « le programme politique est un outil stratégique important de pilotage de l’action politique ». Pourtant, à sa lecture, le groupe socialiste s’est demandé s’il y avait un pilote dans cet avion ?
Il est à craindre que si nous devions utiliser ce programme comme GPS, peu d’entre nous suivraient les mêmes chemins, et il y a fort à parier qu’aucun n’arriverait à la même destination tant il manque de fil rouge.
Oui ! Ne faisons pas la fine bouche. Nous y avons trouvé des thématiques qui nous sont chères.
et quelques des projets d’importance pour notre groupe :
Mais rien de concret. Une liste de concepts- je vous mets au défi de définir ce que représente un pôle d’innovation en matière d’intégration sociale et de le lier à une seule ligne du plan d’investissement- , une litanie de banalités qui nous ont plus fait penser à un rapport d’organe de révision ou un rapport d’activité d’association caritative qu’à un programme politique ambitieux et novateur dont nous aurions eu besoin
Chaque groupe y trouvera toutefois des satisfactions tant il y a de concepts qui s’y déploient. Il y a ici à manger pour tous, mais au final, bien que rassasié, personne n’aura trouvé cela bon !
Quand la carte est trop longue, il y a fort à parier que la cuisine est industrielle. On est plus dans un self de supermarché que dans un bon restaurant.
Et pourtant dans ce buffet quelques plats essentiels semblent manquer cruellement.
Enfin, venons-en à la structure du rapport :
Cinq défis, huit objectifs et un plan financier, mais aucun lien, aucune corrélation entre défis et objectifs, entre objectifs et mesures et entre mesures et plan d’investissement.
Quelques projets nommés, mais jamais développés comme des instruments de ce programme politique.
Le plan d’investissement détaché du programme ne devient alors qu’une liste de courses qui ne nous dit rien du repas que nous allons manger. Entrée ? Plat ? Dessert ? Simple assaisonnement ? Difficile de le savoir.
Nous aurions tant aimé y voir des priorisations. Ce mot cher aux conseillers généraux qui pourtant semble si obscur pour l’exécutif.
Aucune information sur le taux de réalisation 2021 qui nous permettrait au moins d’évaluer la réalité communale.
Un bref coup d’œil sur des programmes d’investissement de communes suisses de taille identique peut pourtant nous donner une idée de ce nous serions en droit d’attendre.
En gommant les aspérités, en renonçant à proposer des priorités qui pourraient, il est vrai, être combattues, le Conseil communal semble vouloir éviter le débat, comme il a évité, semble-t-il, de consulter les groupes sur le contenu de son programme.
Mais le débat est le sel de la politique. Défendre une position, au risque d’être désavoué, est la base de notre démocratie. Au final, face à ce repas sans goût, le Conseil communal risque bien de mécontenter tout le monde et de manger seul. Très symbolique de notre année Covid en fait !
Enfin, le groupe socialiste tient à relever qu’à ses yeux, les finances ne sont en rien un programme politique ni un but. Ce n’est que l’outil qui permet d’atteindre les objectifs politiques. Un service public n’est pas une entreprise génératrice de profits.
La gestion des finances n’est que l’instrument qui doit nous mener où nous voulons aller en fonction des moyens qui sont les nôtres.
Pour continuer la métaphore culinaire, un bon plat dépend de la qualité des matières premières à disposition et de l’inventivité du cuisinier. Nul besoin de caviar pour bien manger et, je vous le promets, je n’ai jamais rien dégusté d’aussi bon que le pain perdu de ma grand-mère.
Pour terminer par une citation, je n’ai rien trouvé d’autre que Johnny Halliday pour résumer notre position :
« Qu’on me donne l’envie. L’envie d’avoir envie »
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite bon appétit.