Actualité | 13 décembre 2021
Avis du Groupe sur le Budget 2022

Nous traversons depuis quelques années une période difficile, sur fond de crise mondiale, accentuée depuis presque 2 ans par le COVID et ses conséquences délétères. Fusionnée depuis une année maintenant, notre commune doit assumer plus que jamais son rôle unificateur et dynamique, malgré l’augmentation de ses charges et la diminution ou une stagnation de ses revenus. Il semble que 2022 s’annonce sur la même tonalité, avec un budget déficitaire à plus de 12mio de francs, après prélèvement aux réserves. C’est une situation problématique, nous sommes pris entre deux impératifs qui sont antagonistes : d’une part la volonté de ne pas réduire nos investissements, et par là-même soutenir le secteur économique ; investir, oui, mais au prix d’une dette en progression, quoique supportable en raison des taux extrêmement bas, voire négatifs, qui génèrent même un revenu. D’autre part, un nécessaire redressement de notre situation financière, qui passe sans doute par une attractivité améliorée. On veut garder le beurre, l’argent du beurre et le crémier, alors qu’il faudra bien se résoudre à renoncer à quelque chose. Alors, à quoi doit-on renoncer, et comment ?

On le sait bien, les politiques publiques mettent du temps à déployer leurs effets ; mais la discussion sur le budget, elle, cristallise toujours le débat, nous sommes pris dans une logique à court-terme, et à court-terme, justement, notre marge de manœuvre est étroite. C’est sur le moyen et le long terme qu’il faut chercher le salut. Ce moyen-long terme, c’est en principe ce qui doit être développé dans un programme politique et un plan financier sur plusieurs années. Nous reviendrons sur ces deux éléments lors d’une séance ultérieure.

Mais parlons des chiffres : à la lecture du B22, on retiendra 4 chiffres :

Le 1er chiffre : moins 72mio - concerne le résultat des activités d’exploitation i.e les charges et les revenus de nos activités sur 2022. Il nous renseigne sur nos faiblesses de couverture. L’analyse ne peut bien entendu pas s’arrêter là, nous avons des ressources pour compenser ce piètre résultat !

Le 2è chiffre : 24mi -, concerne le résultat financier. Il nous renseigne sur les revenus des financements ou des emprunts. Ce sont 24 mio qui viennent atténuer le résultat d’exploitation.

Le 3è chiffre : 36mio -  renseigne sur les charges et revenus extraordinaires – en l’occurrence ici les revenus extraordinaires, qui ne sont autres que les prélèvements aux réserves – réserves qui, faut-il le répéter, ont le mérite d’exister et d’avoir été constituées par le passé ; elles sont là pour qu’on s’en serve lorsque cela est nécessaire. On notera au passage que le niveau du prélèvement à ces réserves est du ressort discrétionnaire du cc.

Le 4è chiffre, c’est le résultat final : un Budget 2022 déficitaire à 12'366'100.

L’interprétation :

Le Budget 2022 (B22 dès lors dans le texte) nous confronte à plusieurs difficultés et met en lumière certaines problématiques: tout d’abord, sans aucune projection sur l’évolution des comptes 2021, il nous est difficile d’apprécier l’adéquation et la finesse du B22. Ce sont pourtant des indications sur lesquelles nous devons nous baser pour en évaluer la justesse ; c’est aussi un élément fondamental à l’analyse du message délivré au-travers du B par nos autorités : car oui, la façon dont un B est présenté, tout comme les mesures envisagées sont hautement politiques !

Le seul élément qui permette une mise en perspective du B22, c’est le B21, dont sait désormais qu’il contient un nombre important d’erreurs et qu’il a lui-même été élaboré dans les conditions que l’on connaît, se basant sur des éléments souvent approximatifs, sur des bases éclatées et non encore entièrement harmonisées pour nos 4 communes d’origine.

Forts de ces deux seuls éléments de comparaison, les constats sont les suivants : les B21 et B22 ne diffèrent que très peu, les résultats opérationnels sont proches : 46’777'000 au B21, contre 48'470'100 au B22, soit une différence approximative de 2mio, dont l’explication se trouvera sans doute dans les comptes 2021 quand ceux-ci seront à notre disposition. P. ex le B21 ne pouvait en effet pas anticiper le versement de la participation de l’Etat à la fusion en une fois sur 2021 plutôt qu’en trois tranches sur 3 ans (8'226'400 au lieu de 3x2’742'000 francs).

Deux B proches ; qu’est-ce qui change, alors ? La différence essentielle réside dans le prélèvement aux réserves : avec un prélèvement de 36mio en 2022, ce sont 10mio de moins que l’année dernière, dans une conjoncture morose dont on peut penser qu’elle ne va guère s’améliorer sur 2022. C’est donc à dessein que le cc ne souhaite pas une mitigation plus marquée du résultat final ; de là à penser que le coup de massue sert aussi à faire passer, à terme une politique d’austérité, il n’y a qu’un pas….

C’est sur la base de ce résultat que se dessine la position majoritaire du cc : il faut agir, c’est le redressement de la dernière chance après plusieurs décennies de gestion ayant mené inexorablement à l’augmentation de la dette. On perçoit en filigrane le reproche d’inaction fait aux précédentes forces politiques à la barre, face à une situation budgétaire allant se dégradant. Mais c’est une interprétation lacunaire et orientée, qui fait fi des importants acquis sociaux, culturels, environnementaux et au final économiques, qui ont vu jour en grande partie grâce à la gauche unie.

Sur le B22, les axes d’action envisagés sont les suivants :

  • Au titre de mesures anticycliques, il faut maintenir et même développer l’effort d’investissement déjà important. On comprend qu’il n’est pas envisagé de renoncer ou reporter les investissements non-encore votés, éventuellement, ou de seconde priorité, pour autant qu’il y en ait. Il faudra pourtant probablement s’y résoudre à moyen terme.
  • Au titre de mesures d’économie, une coupe pour un total de 6mio est demandée à l’ensemble des services, soit 1mio par dicastère. Ce qui ne fait à notre avis aucun sens : les dicastères ont des missions et des charges de nature bien différentes, il aurait mieux valu procéder à une analyse fine, dicastère par dicastère, pour voir ce qui fait le plus sens.
  • Au titre des suppressions de prestations : aucune pour le moment, mais l’annonce est faite : le B22 est tellement catastrophique que des mesures d’austérité seront prises sur les budgets suivants. Nous craignons évidemment d’ores et déjà que ces suppressions touchent en premier lieu des bénéficiaires déjà fragilisés.

Le sentiment de malaise est là : car sans se voiler la face – la situation n’est pas idéale, les chiffres non plus – on a l’impression que tout est fait pour nous empêcher de mener une analyse objective. Le cc lui-même a usé d’une tonalité différente, selon qu’il s’adressait à notre autorité, dans un discours alarmiste et catastrophiste, ou en présentation publique : là, le ton s’est fait plus rassurant et résolument entrepreneurial. Un petit enfumage que nous n’avons guère goûté, générant un sentiment d’incohérence.

Pour 2022, l’heure des grandes coupes n’est donc pas encore de mise. Nous avons une assise financière encore importante: plus de 400mio entre réserves et fortune. C’est un bon socle.

Nous considérons que pour cette année si particulière - fusion, COVID - le prélèvement aux réserves aurait pu être plus conséquent. Il ne s’agit pas de dissimuler un mauvais résultat, mais de le relativiser. Un lissage du déficit sur une plus longue période aurait aussi pu être envisagé. Les choix stratégiques ont été autres, et nous le regrettons.

Les membres de cette assemblée, et en particulier les membres de la COFI le savent : un gros travail de fond nous attend, notamment pour examiner, avec le CC, les options à moyen-long terme qui doivent être privilégiées pour redresser quelque peu la situation. Nous savons en particulier qu’il faudra probablement examiner la possible dérogation aux mécanismes de frein à l’endettement, si nous souhaitons maintenir les investissements au niveau envisagé.

En conclusion, on retiendra que le B22 ne varie pas beaucoup de ce qui avait été prévu pour 21 ; la réalité mérite un examen sérieux. Nous avons hélas le sentiment de n’avoir pas reçu les moyens de procéder à cet examen.

Notre groupe acceptera malgré tout le B22, avec l’amendement PS, ainsi que tous les arrêtés.

Le groupe socialiste au Conseil Général

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